Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/295

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Turquin, les secrets de trois démons, les mêmes qui, déguisés en prêtre, en moine et en juge, lui avaient fait perdre son pari contre son frère. Il apprit, entre autres choses, comment on pouvait délivrer la fille du roi d’Angleterre d’un démon furieux qui la possédait. Comme la jeune fille du conte de Gourlaouën, elle avait jeté dans une mare une hostie consacrée qu’elle avait, retirée de sa bouche, au moment de communier, et emportée dans son mouchoir. Un crapaud avait aussi avalé l’hostie et, depuis ce moment, la princesse était devenue folle furieuse. Tous les médecins et les sorciers du royaume avaient été appelés auprès d’elle, et aucun d’eux ne pouvait rien contre sa maladie. Le roi avait pourtant promis la main de sa fille à celui qui la guérirait. Olivier se présenta, à son tour, guérit la princesse, l’épousa et devint roi d’Angleterre.

Le jour où expiraient l’an et le jour, Olivier s’empressa de se rendre sur le pont de Londres, impatient de savoir ce qu’était devenu son frère. Or, Robert était tombé dans la misère la plus profonde. Il arriva sur le pont, tout en guenilles et méconnaissable. Olivier le reconnut pourtant, lui fit bon accueil et l’emmena avec lui à la cour, où il le fit traiter comme un prince.

Mais, Robert était jaloux de son frère, en le voyant dans une position si élevée. Il l’obsédait continuellement pour savoir de lui le secret de sa fortune. Après avoir longtemps