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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/35

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— Mais, quelle princesse, mon père ?

— Allons, ne fais pas ainsi l’ignorant, et allons vite chercher la princesse Blondine.

— Je ne sais pas de qui vous voulez parler, mon père ; je ne connais pas la princesse Blondine.

Et comme il paraissait parler sérieusement et avec sincérité, le vieux seigneur s’écria avec douleur : — Hélas ! mon pauvre fils a perdu l’esprit ! il a eu tant à souffrir, dans son voyage ! Ah ! je suis bien malheureux !

Et on détela le carrosse.

Cependant, Cado ne donnait aucun signe de folie et paraissait jouir de toute la plénitude et la liberté de son intelligence : ce n’est que lorsqu’on lui parlait de son voyage et de la princesse Blondine qu’il ne comprenait rien ; et pourtant, il en avait un souvenir vague et confus, comme d’un rêve que l’on cherche à se rappeler, et qui reste toujours enveloppé de nuages et de brouillards.

Les trois frères allaient chasser au bois, comme devant, et Cado était toujours le plus habile tireur et abattait à lui seul autant de gibier que les deux autres ensemble. Un jour, ils pénétrèrent plus avant dans les bois que de coutume, et ils se trouvèrent devant le château que la princesse Blondine s’y était bâti, par son art magique, car elle était aussi magicienne. Grand fut leur étonnement de voir un si beau château, et ils restèrent longtemps à le contempler, en silence.