Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/97

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qu’ai-je vu ! — ô malheur ! celle que j’aime — dansait avec Pierre de Kervran !

Une belle coiffe à dentelles sur la tête, — les joues rouges, les cheveux blonds, — un bouquet de fleurs parfumées à son corset, — le pied léger et l’œil vif.

À son doigt était encore mon anneau : — et elle était gaie et rieuse. — Dieu, comme elle était belle et jolie, — et comme chacun la convoitait !

Elle passa près de moi : — quand elle me vit, elle détourna la tête. — O Dieu, quel crève-cœur ! — comment ne suis-je pas mort sur la place ?

Mais cela arrivera sans tarder ; — oui, ma pauvre sœur, il faudra mourir,— mon cœur est brisé dans ma poitrine, — et jamais plus je n’irai à aucun pardon !

En m’en retournant à la maison, le soir, — comme je gravissais la colline, — j’ai vu une étoile — qui était belle et brillante :

Et elle est descendue du haut du ciel — et est tombée dans les ténèbres, — et je me dis alors à moi-même : — voilà mon amour !

Ma sœur, faites préparer mon cercueil, — car dans trois jours je serai dans le cimetière, — et quand mon corps aura été descendu en terre, — ma sœur, vous mettrez dessus

Des fleurs d’été, des roses rouges et blanches, — sous le plus grand des ifs (du cimetière), — afin que les jolies filles — et les jeunes gens viennent les cueillir.