Page:Lyautey - Du role colonial de l armee, Armand Colin, 1900.djvu/24

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de celle qui, pour ainsi dire, devient le but, au lieu de rester le moyen, qui traverse sans s’y arrêter, droit sur un objectif presque toujours fuyant, un pays qu’elle épuise d’autant plus qu’aucun de ceux qui le conquiert n’est directement intéressé à sa préservation.

Mais, si au contraire, toute troupe jetée dans un pays neuf est celle qui doit y séjourner, y habiter, le coloniser ; si son chef est celui qui doit le susciter, quelle différence ! Et nous aboutissons alors à cette formule qui, prenant une bien autre portée, ne s’applique plus seulement à des actions de détail, mais peut s’appliquer à toute guerre de conquête coloniale.

« Une expédition coloniale devrait toujours être dirigée par le chef désigné pour être le premier administrateur du pays après la conquête. »

Oh ! c’est qu’alors la route qu’on poursuit, le pays qu’on traverse vous apparaissent sous un tout autre angle !

Qu’on excuse ici un souvenir personnel. Dans une de mes premières expéditions, étant au bivouac sur la rivière Claire, j’appris qu’un des jeunes officiers présents avait débuté sous l’un des chefs qui avaient laissé au Tonkin la trace la plus profonde, le colonel P…, et dans mon zèle de débutant, je ne voulais pas laisser