Page:Lyautey - Du role colonial de l armee, Armand Colin, 1900.djvu/43

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auxquelles il faudra satisfaire pour qu’une armée coloniale puisse remplir la lâche que nous lui voyons assignée.

L’essentiel c’est que, quelle que soit la solution adoptée pour son rattachement, l’armée coloniale ait bien son autonomie, qu’elle ne risque pas d’être absorbée, uniformisée dans le grand organisme auquel elle se rattachera. Et que, bien distincte, elle ait aussi des chefs bien distincts chez qui l’idée coloniale et l’adaptation de l’outil à son emploi prime toute autre considération.

Ce qu’il faut souhaiter, c’est que les conditions d’entrée et de sortie y soient réglées de telle sorte qu’elle ne serve pas uniquement de tremplin aux mandarins munis de tous les grades académiques auxquels il ne manque qu’une campagne facile et rapide pour franchir plus rapidement un échelon. Il faut beaucoup redouter les gens qui viennent aux colonies pour y rééditer Austerlitz, — d’abord les colonies ne comportent pas Austerlitz, — et puis, ils sont mal préparés aux besognes patientes, ingrates et obscures qui sont la tâche quotidienne, la seule féconde de l’officier colonial. Ce sera aux règlements d’application qu’il appartiendra d’assurer la constitution d’une « milice sacrée », qui fera, elle aussi, son engagement décennal.