Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/16

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tent. Me voilà faite, j’en rends grâce à Dieu, sans m’enorgueillir.

L’on veut enfin que je montre les titres qui m’ont enchaînée à mon délicieux chanoine. Savez-vous bien, mesdames, que j’ai été jolie, et que mon visage, moins plâtré que le vôtre, n’est point encore si déchiré ? Savez-vous que j’ai un corps de cinq pieds six pouces de hauteur, et des mieux proportionnés ? Savez-vous que j’ai des tétons appétissants encore et qui n’ont besoin d’aucun de vos ressorts factices pour se soutenir ? Savez-vous que le temple sacré dont je respecte le dépôt brûle encore d’un feu qui eût honoré votre jeunesse et que nos élégants aiment mille fois mieux que les pompons, la poudre fauve ou rouge et tout l’attirail étranger que vous prêtez à la vraie volupté qui n’en demande pas.

Je crois avoir répondu à toutes les questions que tant de fois l’on a faites sur mon compte. J’aurais pu en faire autant sur le compte de tant de pucelles qui se font payer cent fois leur pucelage. Je n’ai pas leur secret ; je n’ai que celui d’être sincère, d’avouer mes torts et de défendre mes principes. Mon histoire justifiera ce que j’ose avancer. Je n’en retarde le détail que pour donner un avis important.