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te laissais coiffer du même béguin, je m’en consolerais, et tu serais au mieux.

J’étais assez enfant pour ne faire aucune réflexion. J’obéis en pleurant et en embrassant ma tendre mère, qui fondait en larmes. La tourière, qui faisait l’Agnès, nous consola toutes les deux. La cruelle séparation se fit.

J’entre dans le couvent. Qu’y vois-je ? Quatre ou cinq vieilles sempiternelles qui se soutiennent à peine, qui me parlent du nez, et m’envoient, en parlant, l’odeur infecte de leur estomac putride. Je m’avise, moi, de leur faire une révérence si profonde (cela me paraissait du cérémonial), que je tombai le derrière par terre, et que je manquai de faire la pirouette. Les révérendes mères, dont les yeux étaient modestement baissés, entrevirent des charmes qu’elles eussent désirés. Leur tête se renverse, l’une s’enfuit, l’autre gémit, une troisième dit tout bas :

— Cette vilaine a montré son cul !

La prieure pince les lèvres, ordonne le silence et me dit gravement :

— Vous venez, ma fille, de faire une révérence indécente ; l’on vous apprendra, par la suite, comment une fille modeste doit saluer. Sœur Cunégonde, conduisez cette enfant au pensionnat.

La sœur Cunégonde, qui, comme les autres, avait vu mon auguste derrière et son faubourg, ne leva point les épaules et ne fut pas assez sotte pour soupirer. J’en conclus, tout enfant que j’étais, qu’elle avait un peu