De tous poissons elle était amoureuse :
Elle avale, sans y penser,
Une arête très dangereuse
Qui menaçait de percer son gosier.
L’on appela l’art à son aide.
Le médecin prescrivit son remède.
La belle enfant, hélas ! allait périr
Si l’on ne prévenait les progrès de l’ulcère.
— Mes amis, s’écria son père.
Verrai-je ma fille mourir ?
Secourez-moi, sauvez ma fille ;
La pauvre enfant et si gentille !
Ah ! j’en serais au désespoir !
Épuisez tous votre savoir.
L’on se souvient que dans le voisinage
Il existait un jeune sage,
Aussi modeste que savant.
Le père fut assez prudent
Pour l’appeler. Il vint à la même heure ;
Vit la malade et dit : — Cela n’est rien,
Consolez-vous, je serai son soutien.
Que l’on me donne une livre de beurre,
Et que l’on allume un grand feu.
Le père crut que ce n’était qu’un jeu.
L’on obéit pourtant. — Que tout le monde sorte,
Dit-il encor, je vais fermer la porte.
On le prit pour un charlatan :
C’était un sage bien savant.
Il étend avec modestie,