Aller au contenu

Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 39 —

— Non pas, mignonne, a-t-il riposté hautement, ton con est trop usé. La maman n’en a-t-elle pas d’autre ?

— Ma foi, monseigneur, ai-je dit en bonne conscience, mon con vaut votre vit au moins ; mais qu’à cela ne tienne : maman arrive bientôt et rapportera des minois appétissants ; revenez lundi.

— C’est-à-dire demain, a remarqué maman. Lyndamine, voilà de quoi t’affriander ; aie soin du morceau. C’est un vit précieux qu’un vit d’évêque : cela paye au quadruple, et tu seras au mieux. Qu’en dis-tu ?

Je répondis que Sa Grandeur, d’après le rapport de Minette, serait un peu courte ; mais que j’en essayerais ; qu’ayant plusieurs cas de conscience à lui proposer, je lui ferais débiter dans nos intermèdes toute sa théologie.

— Cela sera donc amusant, s’écrièrent maman et Minette ; le prélat voudra du secret ; mais du moins tu nous répéteras la leçon.

— Oh ! comptez-y, leur dis-je ; je veux essayer de la science de son docteur. Vous n’aurez pas de son suc, mais vous aurez du moins de ses principes, en attendant mieux.

Monseigneur ne manqua pas de se présenter le lendemain en habit à boutons d’or et l’épée au côté. Maman fut l’introductrice, et je fus appelée. À ma vue, Sa Grandeur se rabaissa, me trouva jolie, voulut d’abord me caresser, et ne fut retenue que par le prix que je mis à son choix.

— Vingt louis, dit-il ; mais cela est fort, ma charmante.