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ciens jouèrent avec des instruments en bois de sauvages et violentes hymnes du compositeur archaïque Saint-Saëns. Toutes les habitudes primitives de l’antique cité furent données en spectacle. Il y eut jusqu’à un simulacre de funérailles qu’une foule de gens vêtus de noir suivaient d’un air de godaille en causant d’affaires et de femmes. On vit encore un mariage avec une longue file de voitures traînées par des animaux. Le mariage était un rite de nos pères qui consacrait les liens de l’amour et les droits des enfants. Un banquet barbare, où des viandes d’animaux, des poissons et des herbages furent servis, obtint un moindre succès, les contemporains s’étant refusés à goûter ces mets de sauvages. Un ténor fut mieux goûté, ainsi que le pétomane. Un coin de l’antique cité reconstituée en carton montra une maison pareille à un four crématoire où les anciens Lyonnais allaient entendre ce qu’ils appelaient la musique ; on vit aussi un bizarre monument en forme de baromètre et qui commémorait l’assassinat de Sadi Carnot, homme d’État mort en 1894.

Une foule de gens stationnaient autour de ce monument, de manière à le considérer de profil, et tous, et particulièrement les femmes, riaient à ce spectacle.

On vit encore des joueurs de manille, passe-temps cocasse, pour lequel les anciens se servaient de figurines en carton qu’ils posaient violemment sur une table en poussant d’inarticulés beuglements. Plus loin s’ouvrait une boutique de commerçant. C’était une chose vraiment curieuse et très pittoresque qui s’appelait Papeterie. Les gens entraient et, après une conversation rapide, où le boutiquier faisait généralement montre d’une platitude égale à l’arrogance du chaland, ils emportaient des objets de volume divers en échange desquels ils donnaient des feuilles de papier bleu.

Au coin des avenues, il y avait de petits édicules ; certains, longs, étroits, les autres ventrus. Les uns étaient des urinoirs et étaient tapissés de gloses médicales, les