Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/185

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NOTICE. t'I| Pindare, prolitant de la circonstance, accumulant les expressions les`plus énergiques, les iigurcs les plus brillantes, semblait em- prunter la voix du tonnerre pour dire aux États de la Grèce: Ne — laissez point éteindre le feu divin qui emhrase vos cœurs; exci- tez toutes les espèces d’émulation; houorez tous les genres de mérite; n’attendez que des actes de courage et de grandeur de celui qui ne vit que pour la gloire. Aux Grecs assemblés dans les champs d’Olympie, il disait : Les voilà ces athlètes qui, pour obtenir en votre présence quelques feuilles d’olivier, se sont sou- mis à de si rudes travaux. Que ne ferez-vous donc pas, quand il s‘agira de venger votre patrie? · Et ceux qui assistaient alors aux brillantes solennités de la Grèce, qui voyaient un athlète au moment de son triomphe, qui le suivaient lorsqu’il rentrait dans la ville où il avait reçu le jour, _ qui entendaient retentir autour de lui ces clameurs, ces trans- ports d’admiration et de joie, au milieu desquels étaient mêlés les noms de leurs ancêtres qui avaient mérité les mêmes distinc- tions, les noms des dieux tutelaires qui avaient ménage une telle victoire a leur patrie, tous ceux-là, dis-je, au lieu d’étre surpris des écarts et de l`enthousiasme de Pindare, devaient trouver sans doute que sa poésie, toute sublime qu‘elle est, ne pouvait rendre Pimpression qu’ils avaient reçue eux—mêmes. Pindare, souvent frappé d‘un spectacle aussi touchant que ma- gnilique, partagea l‘ivresse générale, et, l’ayant fait passer dans ses tableaux, il se constitua le panégyriste et le dispensateur de la gloire. Par là tous ses sujets furent ennoblis, et reçurent un caractère de majesté. Il eut à célébrer des rois illustres et des citoyens obscurs; dans les uns et dans les autres ce n’est pas l‘homme qu’il envisage, c‘est le vainqueur. Sous pretexte que l‘on se dégoûte aisément des éloges dont. on n’est pas l’objet • , il ne s‘appesantit pas sur les qualités personnelles; mais comme les vertus des rois sont des titres de gloire, il les loue du bien qufils ont fait ‘, et leur montre celui qu’i1s peuvent faire. Soyez justes, ajoute-t-il, dans toutes vos actions, vrais dans toutes vos paroles; songez que des milliers de temoins ayant les yeux fixés sur vous, la moindre faute de votre part serait un mal funeste R ` ‘ Plnd., pyth. 1, v. too: vnu, v. 43; isthm. v,v. 65; nom. x, v.- 31. ' Id., olymp. 1, v. ttt; u, v. 10 et R0. _ , ' ld., pyth· 1, v. IGS.