Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/21

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INTBODUCTION. 7 céss par le_ temps, peut-être aussi par l‘orgueil national; des son- ’ venirs a moitié éteints que Pintelligence seule des philosophes mo- dernes a pu rallumer pour éclairer la route des recherches phi- lologiques; encore ne peut—0n en tirer qu’une iuduction vague et générale : c'est une preuve assez indécise de Porigine commune 4 des peuples; c’est le berceau du développement de l'esprit hu- main. Mais s’ils ont appris des étrangers, s'ils leur ont emprunté , ils ont bien vite appliqué toute leur industrie à Pamélioration et au perfectionnement : peuple imitateur et surtout spirituel, ils ont saisi en toutes choses la surface brillante; ils ont fait de toutes les ‘ notions isolées un ensemble complet j ils ont apposé a leur œuvre un tel cachet de personnalité, qu’a première vue, au lieu d'admi- rer la réalité de leurs conquêtes, on s’éprend d`am0ur pour une civilisation qui semble leur appartenir tout entière. __ Nous devons dire aussi que la vanité nationale ne joua pas seule un role actif dans ce travestissementdes premières idées, dans ce déguisement de l'01'igiD0 : Pignorance et l’erreur ont pu y ètre pour beaucoup. Les vestiges des traditions asiatiques se sont glis- sés dans la société grecque; les arts et les sciences les ont adop- tés, mais in leur insu. Habitués a voir ces étrangères vètues â leur façon, ils les ont laissées se mèler a eux; comme ces hommes d‘une nation éloignée, qu’on accueille d’ahord avec une géné- reuse hospitalité, et qui plus tard mêlent leur sang et leurs idées au sang et aux idées de leurs hotes. Une race nouvelle reçoit le baptème de la vie; son teint, son accent, trahissent encore une _ origine différente; mais nul ne songe à la lui reprocher; elle a acquis des temps et des événements le droit de cité et de frater- nité. G’est ce qui est arrivé aux Grecs. Les monuments de l’anti- quité orientale la plus reculée leur étaient pour la plupart incon- _ nus; il vint une époque où ils en découvrirent avec suprise ' quelques restes 2 leur -joie égala leur étonnement; la vivacité de leur imagination s’en empara; et ce fut un malheur pour eux, car cette origine asiatique, qui lem· apparaissait comme une lueur subite,'sans qu‘ils pussent bien s’en rendre compte, les éblouit entièrement. Ils perdirent de vue l'harmonie de leur civilisation, représentée par leurs mœurs et leur philosophie. Ceux mème . d'entre eux qui avaient étudié l’0rient, qui en avaient aspiré quelques idées, quelques croyances confuses et environnées de l’ohscurité des mythes, ignoraient la généalogie de ces idées, souvent enfermées dans un mot. Ces mots (fam) étaient mysté-