Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/29

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INTRODUCTION. I 5 idée reçue, aucune forme d'état déja accomplie; elle s‘avance graduellement et se dévoile quand elle est arrivée. Ainsi, un esprit supérieur comprendrait-il avec tristesse Pintluence d`une nation étrangère sur sa nation, il ne peut Parréter :`toute Pénergie de son ame, toute la force de son esprit, toute l'activite de sa con- ception, s’useront inutilement a oe labeur. Il sera bien donné a ses nobles efforts une certaine récompense : c‘est de pouvoir A . s’arracher, lui, lui seul, à cette domination hardie et despotique; mais 'nul autre ne le suivra dans son isolement. L’intelligence d'un homme no_peut pas avoir raison contre Pintelligenœ d‘un peuple. Cet égoïsme d’une nation, qu’on appelle patriotisme, a des homes réelles : il arriverait a l'erreur par l`exaltation, ou à Pavilissement par les préiugés. Pour comprendre et pour repro- duire, un peuple doit donc s’aider des progrès d'un autre peuple. Limitation dangereuse, l’imitation qui tue, c‘est celle qui, au lieu . de saisir et de s‘assimiler l’extension et la vie générale de l’esprit, suit avec anxiété les formes d‘art particulières a une nation et qui , conviennent rarement et une autre;,c’est celle qui veut, mettre l'artifiee a la place de la nature, qui veut produirece qu’un autre a produit et comme il l‘a produit. Ce reproche peut s’adresser en partie a la littérature romaine. . Elle nous semble avoir néglige les antiques traditions nationales et patriotiques, avoir vainement cherché à imiter certaines for- mes étrangères, qui, arrachées au sol natal, paraissent toujours froides, sans force et sans vie, ou n‘ont du moins qu’une vie mi- . sérable , étiolée et superficielle, comme ces plantes qui croissent dans nos serres chaudes. L’homme qui veut agir sur sa nation , qui impose à son génie une mission d‘utilité, peut bien s’elever et s’enrichir par l’aspect du haut degré et de la perfection ou l‘art'et la pensée, l‘esprit et le langage sont parvenus chez les autres peuples; mais il doit s'arreter là; il ne doit transplanter dans son pays aucune de leurs formes particulières, il doit laisser a chacun sa physionomie personnelle. La littérature romaine, au contraire, a pris une couleur et un vetement greœ; ce qu’elle a gardé d'individuel, c’est ce qu‘elIe avait au fond du cœur. Rome, ce- grand centre du monde, se retrouve dans toutes ses œuvres. Le peuple-roi avait conscience de sa dignité et de sa supériorité imposante. La diversité ,de but ¤’existe pas dans les ouvrages deses grands écrivains. Rome ai- mait les applaudissements; elle avait besoin qu’on lui parlàt d‘elle- ·