Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/34

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20 INTRODUCTION. ,Certes, c'est jouer un role illustre dans les annales de Plxistoire humaine qu'avoir conservé, a travers tant de siècles, le droit de littérature-modèle par des titres si nombreux et si mérites. On lui reprochera bien peut-ètre, à cette poésie si, vantée, de n‘avoir jamais peint la tristesse des ames malades et les soullrances de ,la poésie exilée sur la terre. Elle n’a eu nul écho de cette mé- lancolie mystérieuse qui nous est venue de l’0rient et du Nord. Elle n`a vu dans l’amour qu‘un appétit grossier, et l’idée n'est point venue pour elle animer la chair. Il lui a manqué , en U général, la foi a la Divinité, les qualités tendres du cœur et les bienfaits de Pespéranee. Le christianisme seul pou vait nous apprendre sa vivre et a mourir le regard tourné vers le ciel. Les sources dela vraie poésie devaient jaillir pour nous d'une reli- gion nouvelle '. Le christianisme [nous les a révélées depuis dix-huit siècles, et c`est à peinc si de nos jours, tant a été grand et légitime l’empire de la littérature grecque, c`est ai peine si quel- 'ques uns de nos maitres sont allés s’inspirer à ses sublimes en- seignements. ` Ainsi, nous ne pouvons le nier, nous sommes les lils de la Grèce par les idées qu‘elle nous a données. Elle a fait notre éducation: nous lui devons nos hommages, nous lui devons de l’étudier avec respect et vérité. N’insultons pas notre mère; et si quelque chose a manqué à son illustration complète, si cette antique et forte na- ' ture a toujours glorifié l'homme aux dépens de Dieu et la société présente aux dépens de Phumanité, n`oublions pas que c'était la le défaut des temps; n’0ublions pas qu’il a fallu, pour arriver aux idées qui lui manquent, la religion de l`Evangile, c`est-à-dire une grande aumône faite d notre grande misère morale. I Ernest FA1.co1v1vn1·. i ' Dans la Préface de l'Hlstolre des lettres latines au quatrième siecle, livre plein d’une science littéraire toujours puisée aux sources, DI. Col- lombct s démontré les liens d’idées et d'inspiralions que le christianisme , à quinze siècles de distance, a établis entre les poésies de Synésius, évéque de Ptolémals, et celles de notre plus grand poete lyrique, Lamartine. â .