Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/419

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gros la dévore tout entière. Le chien rêve au pain, moi je rêve au poisson. Le mien tenait à l’hameçon, son sang coulait, et ma ligne se courbait sous le poids : mes bras tendus la soulèvent avec peine ; il me fallut lutter pour attirer avec un fer si faible un poisson lourd. Songeant ensuite qu’il pourrait bien me mordre : « Si tu me mords, lui disais-je, je te mordrai bien mieux. » Enfin, comme il ne remuait plus, j`étendis la main, et le combat fut terminé.

Que vois-je ? un poisson d’or ! oui, d’or massif. Je craignis qu’il ne fût le bien-aimé de Neptune, ou peut-être le trésor d’Amphitrite aux yeux d’azur. Je le détachai doucement de l’hameçon pour n’y point laisser quelque parcelle d‘or, puis je le traînai sur le rivage à l’aide d’une corde, et jurai de ne plus mettre désormais le pied sur la mer, mais de rester sur terre et d’y vivre comme un roi avec mon or… Dans ce moment je me suis réveillé.

Ami, rassure-moi ; je suis effrayé du serment que j’ai fait.

OLPIS.

Ne crains rien, Asphalion ; tu n'as ni juré, ni vu, ni pris de poisson d’or. Ce rêve est un mensonge. Lève-toi, ouvre bien les yeux, parcours le rivage, et ton rêve se bornera à chercher de véritables poissons. Mais prends garde de mourir de faim avec tes songes d’or.


XXII. LES DIOSCURES.


Cette idylle se divise en deux parties. Dans la première, le poëte chante la lutte de Pollux et d'Amycus, roi des Bebryces, qui contraignait les étranger à lutter contre lui ; dans la seconde, il célèbre la victoire de Castor sur Lyncée, cruellement égorgé par son implacable rival.

Je chante les fils du puissant Jupiter et de la belle Leda, ce Castor si vaillant, ce Pollux invincible au pugilat quand le ceste armait sa redoutable main. Je répète les noms de ces deux illustres frères que Lacédémone vit