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Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/508

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peaux, et mes esclaves ne suffisent plus à le servir. Il a tout consumé, jusqu’aux cavales qui traînaient son char, jusqu’aux coursiers qui lui avaient valu tant de gloire dans les jeux et dans les combats, jusqu’au taureau que sa mère engraissait pour Vesta. »

Tant qu’à Triopas il resta quelque ressource, son foyer fut seul témoin de sa peine. Mais quand Érésichton eut absorbé tout son bien, on vit le fils d’un roi, assis dans les places publiques, mendier les aliments les plus vils.

Ô Cérès ! que celui que tu hais ne soit jamais mon ami ! que jamais il n’habite avec moi ! Loin de moi des voisins si funestes !

Chantez, jeunes vierges, et vous, mères, répétez : « Salut, ô Cérès ! salut, ô déesse nourricière, déesse des moissons ! » Quatre coursiers, aux crins argentés, traînent le calathus ; ainsi, puissante Cérès, tu nous apporteras, d’année en année, quatre saisons favorables. Nous te suivons les pieds sans chaussure et la tête sans bandelettes ; ainsi tu préserveras des maux nos pieds et nos têtes. Des vierges portent en ton honneur des paniers tissus d’or ; ainsi l’or ne manquera jamais à nos besoins.

Femmes qui n’êtes point initiées, ne suivez cette pompe mystérieuse que jusqu’au Prytanée. Femmes qui ne comptez pas encore soixante hivers, venez jusqu’au temple. Vous que l’âge appesantit, ou vous qui tendez les mains à Lucine, et que les douleurs ont surprises, venez jusqu’où vos forces pourront vous conduire ; la déesse versera sur vous ses faveurs autant que sur celles qui l’accompagneront à son temple.

Salut, ô déesse ! conserve cette ville dans la concorde et dans l’abondance. Fais tout mûrir dans nos champs. Engraisse nos troupeaux, fertilise nos vergers, grossis nos épis, féconde nos moissons. Fais surtout régner la paix, afin que la main qui sème puisse aussi recueillir.

Sois-moi propice, ô divinité trois fois adorable, puissante reine des déesses !