vail, tandis que par ses ordres deux gardiens attentifs l’observaient sur la terre. Du sommet de l’Émus, l’impitoyable Mars, tout armé, veillait sur le continent, et ses coursiers paissaient dans l’antre aux sept bouches qui sert de retraite à Borée, pendant qu’Iris du haut du Mimas veillait sur les îles.
De là ces deux divinités menaçaient toutes les villes dont Latone approchait et leur défendaient de la recevoir. Ainsi vit-elle fuir devant elle l’Arcadie et le mont sacré d’Augé[1] ; ainsi vit-elle fuir l’antique Phénée[2] et toutes les villes du Péloponèse voisines de l’Isthme : Égialée resta seule avec Argos ; Latone n’osait point approcher de ces lieux arrosés par un fleuve trop aimé[3] de Junon. Ainsi vit-elle fuir l’Aonie[4] avec Dircé et Strophie[5] que leur père, le sablonneux Ismène, entraînait avec lui. Asope les suivit, mais de loin, d’un pas tardif, et tout fumant encore des coups de la foudre ; et l’indigène Mélie, épouvantée de voir l’Hélicon secouer sa verte chevelure, quitta ses danses, pâlit et trembla pour son chêne. Ô Muse ! ô ma déesse ! les nymphes en effet sont donc nées avec les chênes ? Les nymphes du moins se réjouissent quand la rosée ranime les chênes, et les nymphes pleurent quand les chênes dépouillent leur feuillage.
Phébus indigné, quoique encore au sein de sa famille, adresse à Thèbes ces menaces qui n’ont point été vaines : « Pourquoi, malheureuse Thèbes, m’obliger à dévoiler déjà ton destin ? Ne me force point à prophétiser ton sort. Pytho ne m’a point encore vu m’asseoir sur le trépied, et son terrible serpent n’est point mort : ce monstre barbu