Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/102

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[1] Mon embarras, Athéniens, n’est pas de savoir par où je commencerai ce discours, mais comment je parviendrai jamais à le finir : ceux que je poursuis ont commis un si grand nombre de crimes, et ces crimes sont si atroces, que même la fiction, si je m’en permettais l’usage, ne pourrait rien imaginer au-delà, et qu’en me renfermant dans l’exacte vérité, je n’aurais encore ni assez de temps, ni assez de force pour tout dire.

[2] Je vois que dans nombre de causes, il nous faudra désormais changer de méthode. Jusqu’ici, il était d’usage que l’accusateur, pour justifier sa démarche, alléguât l’inimitié qui était entre lui et l’accusé [1] ; maintenant il faut que l’accusateur demande

  1. J’ai déjà remarqué dans plusieurs exordes de Démosthène que les anciens ne rougissaient pas de manifester les sentiments de haine et les désirs de vengeance. Rien n’était si commun que d’entendre dire à un accusateur, pour justifier sa démarche, que celui qu’il accusait était son ennemi.