Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/127

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quoique vous n’ignorassiez pas qu’on a ordinairement des secrets pour les ennemis, mais que lui il devoir révéler aux ennemis ce qu’il cachait à ses compatriotes, vous n’hésitâtes pas néanmoins à lui abandonner votre ville, vos enfants, vos personnes. [70] Loin de remplir ses engagements, déterminé à détruire la gloire et la puissance d’Athènes, ce traître vous fit prendre un parti qu’aucun des ennemis n’eût osé espérer, que n’attendait aucun des citoyens, sans être forcé par Lacédémone, et uniquement parce qu’il lui avait promis ce service. Il fit renverser les murs du Pirée, et détruire l’autorité du peuple, trop assuré que, s’il ne parvenait à vous ôter tout espoir, vous ne tarderiez pas à le punir. [71] En dernier lieu, il empêcha qu’on ne tînt avant le temps qu’il avait prescrit, l’assemblée dont ses intrigues ménagèrent le délai jusqu’au moment où il eut fait venir de Samos Lysandre avec des vaisseaux, et où l’armée ennemie fut entrée sur nos terres. [72] Lors donc que les choses furent ainsi disposées, on convoque une assemblée en présence de Lysandre, de Philocharès et de Miltiade, pour délibérer sur le gouvernement. On voulait fermer la bouche à vos orateurs, et vous contraindre de délibérer non pour l’avantage de l’état, mais pour la satisfaction de vos ennemis. [73] Théramène alors se lève, il vous conseille d’abandonner la république à