Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/132

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des tyrans, moins dans la vue de les sauver du péril, que dans la persuasion qu’ils obtiendront eux-mêmes toute impunité pour leurs excès passés et que dans la suite ils pourront se livrer à toute la perversité de leurs penchants, si maîtres de punir les auteurs des plus grands maux, vous vous portez à les absoudre.

[86] Les avocats des coupables doivent étonner. Prétendraient-ils qu’on doive faire grâce aux accusés par égard pour leurs défenseurs, sous prétexte que ce sont de parfaits citoyens, et que leur vertu doit faire oublier les crimes de ceux qu’ils défendent ? Eh ! plût aux dieux qu’ils fussent aussi ardents pour sauver Athènes, que les autres se montraient acharnés à la perdre ! Feront-ils des efforts d’éloquence pour justicier et peindre des plus belles couleurs la conduite des tyrans ? mais aucun d’eux n’entreprit jamais de défendre vos droits les plus légitimes. [87] Quant aux témoins, il fait beau les voir s’accuser eux-mêmes en déposant pour ceux que nous accusons. Ils vous croient donc bien indifférents et bien simples, s’ils se figurent qu’ils pourront sans péril sauver les tyrans par le secours du peuple, tandis que sous Ératosthène et ses collègues, on ne pouvait sans danger suivre les funérailles des malheureuses victimes de la tyrannie. [88] De tels hommes sauvés pourraient encore perdre la république ; et les innocents