Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/134

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de vous condamner vous-mêmes en absolvant des coupables. Vainement vous flatteriez-vous chacun de rester inconnus à l’abri du secret des suffrages ; vos sentiments seront dévoilés et deviendront publics.

[92] Avant de finir, je vais m’adresser successivement aux citoyens qui étaient restés dans la ville, et à ceux qui sont venus du Pirée ; je rappellerai à leur mémoire quelques-uns des maux qu’ils ont essuyé de la part des Trente, afin que ce souvenir les excite à prononcer actuellement contre eux. Vous donc qui êtes restés dans la ville, considérez qu’ils exerçaient sur vous une tyrannie odieuse ; qu’ils vous forçaient de livrer à vos fils, à vos frères, à vos concitoyens, des combats dans lesquels la défaite ne faisait que vous rendre les égaux des vainqueurs, et où la victoire vous rendait les esclaves des tyrans. [93] C’était par les troubles que s’accroissait la fortune des Trente ; c’était par vos guerres mutuelles que la vôtre s’affaiblissait. Ils refusaient de vous faire participer aux fruits de la tyrannie, et ils vous obligeaient d’en partager les crimes. Oui, ils en sont venus à ce mépris pour vous, de prétendre vous attacher à leur administration en ne vous faisant part que de la honte dont elle les couvrait, sans vous faire jouir d’aucun de ses avantages. [94] Aujourd’hui que vous êtes à l’abri