Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/137

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[99] Mais pourquoi rapporter ce qu’auraient pu faire les Trente, lorsque je me vois dans l’impuissance même d’exposer ce qu’ils ont fait ? Un seul accusateur ne suffit pas, il en faudrait plus d’un, il en faudrait sans nombre. Mais enfin j’ai témoigné tout le zèle dont j’étais capable, pour les temples que les tyrans ont livrés aux ennemis ou souillés par leur présence, pour la ville dont ils ont ruiné les forces, pour les arsenaux qu’ils ont détruits, pour les citoyens morts que vous n’avez pu secourir pendant leur vie, et que vous devez venger après leur trépas. [100] Ils entendent, sans doute, ces morts, ils entendent mes discours ; et votre sentence leur sera connue. Ils vous déclarent par ma bouche que laisser vivre de tels coupables, ce serait les condamner eux-mêmes à mourir de nouveau ; et que leur faire subir le supplice qu’ils méritent, c’est leur accorder à eux-mêmes la vengeance qu’ils réclament. Je termine ici mon accusation. Athéniens, vous avez vu, entendu, souffert les excès de la tyrannie ; voilà les tyrans : prononcez.