Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/180

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qu’on ne le fît mourir en le mutilant chaque jour dans quelques parties de son corps, et en lui coupant toutes les extrémités les unes après les autres. [27] Sauvé de ce danger, il revint à Athènes sous les Quatre-cents[1]. Les dieux l’aveuglèrent jusqu’à lui faire désirer de revenir chez ceux mêmes qu’il avait offensés. On le fit arrêter et punir corporellement. Il ne périt pourtant pas encore, mais il sortit de prison. [28] D’ici, il passa chez Evagoras[2], roi de Chypre, qui le fit enfermer pour une injure qu’il en avoir reçue. Il échappa des mains de ce prince : il fuyait les dieux de sa patrie, il fuyait sa ville, il fuyait tous les lieux où il s’était réfugié. Mais, je le demande, quel agrément pourrait offrir une vie traversée par des peines continuelles ? [29] De Chypre il revint de nouveau à Athènes, où le gouvernement démocratique était rétabli, et il donna de l’argent aux prytanes[3] pour lui permettre de monter à la tribune.

  1. Dans les troubles d’Athènes, quatre cents citoyens furent choisis pour gouverner l’état. Ils ne tardèrent pas à abuser de leur pouvoir, dont ils furent dépouillés.
  2. C’est l’Évagoras, roi de Salamine dans l’île de Chypre, dont Isocrate a écrit l’éloge funèbre.
  3. On appelait prytanes les cinquante sénateurs en tour de présider, et qui seuls avaient le droit de convoquer les assemblées du peuple.