Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/418

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tion pour eux que d’apprendre que nous participons tous au gouvernement, & que nous sommes disposés les uns pour les autres comme si nous n’avions aucun sujet de plainte réciproque. Remarquez enfin que les tyrans exilés n’ont rien plus à cœur que de voir décrier & diffamer un grand nombre de citoyens ; ils esperent qu’ils trouveront dans les particuliers opprimés des hommes qui les secondent. Tout leur desir est donc que les calomniateurs puissent être considérés dans votre ville, et jouir parmi vous du plus grand crédit : les persécutions de la calomnie seroient leur salut.

Il est à propos de vous remettre sous les yeux l’état des affaires après les Quatre-cents ; vous verrez que mes accusateurs vous conseillent ce qui ne vous fut jamais avantageux, & moi ce qui fut toujours utile dans l’un & l’autre gouvernement. Vous savez qu’Epigene, Diophane & Clisthène profiterent comme particuliers des malheurs de la patrie, et que comme hommes publics ils furent les auteurs des plus grands maux. Ils vous persuadoient de condamner une foule de citoyens sans les entendre, confisquant leurs biens, les diffamant, les bannissant, ou les faisant mourir. Telle étoit leur perversité, qu’à prix d’or ils faisoient absoudre les plus coupables, & que traînant devant les juges les plus innocens, ils les faisoient succomber sous l’injus-