Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/96

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manqué de faire avertir mes amis pendant le jour, et de les réunir dans une maison voisine, plutôt que de courir précipitamment pendant la nuit, dès que je sus l'arrivée du jeune homme, aux risques de ne trouver personne ? J'allai chez Harmodius et chez un autre que je croyais à Athènes, je me transportai chez d'autres qui ne se trouvèrent pas non plus chez eux : j'amenai qui je pus. [42] Toutefois, si j'eusse prévu la chose, n'est-il pas clair que j'aurais disposé des esclaves et averti mes amis, afin d'entrer en force, supposé qu'Ératosthène fût armé, et de venger mon injure en présence d'un grand nombre de témoins ? Mais comme je ne pouvais rien prévoir de ce qui arriverait cette nuit-là, je pris ceux que m'offrit le hasard. Paraissez, témoins, pour certifier ce que j'avance.

Les témoins paraissent.

[43] Vous venez d'entendre les dépositions, ô Athéniens. Observez, je vous prie, qu'il n'y eut jamais entre Ératosthène et moi d'autre sujet d'inimitié. Non, il n'y en eut jamais.[44] Pourrait-on dire qu'il m'avait intenté quelque procès particulier, ou suscité une accusation publique ? avait-il entrepris de me faire bannir d'Athènes ? avais-je à me reprocher quelque crime secret dont il eût connaissance, et qui pût me faire délirer d'être défait de lui ? m'attendais-je, en lui dormant la mort, d'en être