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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/102

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RIENZI.


CHAPITRE XI.

Nina di Raselli.

« Je vous le répète, Lucia, je n’aime point ces étoffes : elles ne me vont pas ! Avez-vous jamais vu une aussi pauvre couleur ? du violet, vraiment ; et ce cramoisi donc ! Pourquoi avez-vous dit au commis de les laisser ? Qu’il les remporte ailleurs demain ! Elles peuvent convenir aux signoras de l’autre côté du Tibre, car elles s’imaginent que tout ce qui vient de Venise doit être parfait, mais moi, Lucia, je vois par mes yeux et je juge par mon propre esprit.

— Ah ! chère signora, dit la servante, si vous étiez ce que vous deviendrez sans doute tôt ou tard, une grande dame, avec quelle dignité vous porteriez et titres et parures ! sainte Cécile ! Pas une dame romaine n’obtiendrait un regard tant que la signora Nina serait là !

— Crois-tu que nous ne leur apprendrions pas aussi bien qu’une autre ce que c’est que la grandeur ? repartit Nina. Oh ! quelles fêtes nous saurions leur montrer ! Avez-vous vu, de la galerie, les réjouissances données la semaine dernière par la signora Giulia Savelli ?

— Oui, signora ; et quand vous remontiez la salle avec votre tissu de perles et d’argent, quelle rumeur dans toute la galerie ! chacun s’écriait : mais c’est un ange que les Savelli ont là pour honorer leur fête !

— Allons, Lucia, point de flatterie, mademoiselle.