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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/15

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RIENZI.

Par la vive et bruyante conversation de son entourage, il apprit que le bâtiment qu’il avait vu contenait un approvisionnement de blé destiné à une forteresse en amont du fleuve, occupée par les colonna, qui étaient alors à couteaux tirés avec les Orsini, et l’expédition dans laquelle le jeune garçon avait été si malheureusement entraîné avait pour but d’intercepter l’approvisionnement et de le détourner au profit de la garnison de Martino di Porto. Cette nouvelle augmenta sa consternation, car il appartenait à une famille placée sous le patronage des Colonna.

À chaque instant son regard, inquiet et chargé de larmes, remontait la pente escarpée de l’Aventin ; mais son gardien, son protecteur, tardait encore à paraître.

Nos cavaliers avaient fait un peu de chemin, quand un détour de la route leur présenta soudain l’objet de leur poursuite, lequel, à la lueur des premières étoiles, faisant vent arrière, descendait rapidement le fleuve.

« Allons, les saints soient bénis ! dit le chef. Il est à nous !

— Garde à vous ! dit en murmurant à demi-voix un capitaine allemand chevauchant près de Martino. J’entends des sons que je n’aime pas, là-bas, dans ces arbres : écoutez le hennissement d’un cheval. Sur ma foi ! je vois aussi le reflet d’un corselet.

— En avant ! mes maîtres, cria Martino ! Le héron ne saurait faire voir le tour à l’aigle, en avant ! »

Alors, renouvelant leurs clameurs, les gens de pied poussèrent en avant, jusqu’à ce que, à leur approche du taillis auquel l’Allemand avait fait allusion, un petit escadron serré de cavaliers armés de pied en cap jaillit comme un éclair, s’élança du milieu des arbres, et, la lance en arrêt, chargea les rangs des poursuivants.

« Aux Colonna ! aux Colonna ! — Aux Orsini ! aux Orsini ! » tels furent les cris furieux échangés à pleine poitrine. Martino di Porto, homme d’un volume énorme