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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/216

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RIENZI.

rires bruyants et des fragments de chansons grossières dont les maraudeurs barbares égayaient leur marche rapide.

Il était midi quand l’escadron entra dans ce défilé romantique dont je parlais tout à l’heure, dans les antiques Lantulæ. À gauche se dressaient, escarpés et imposants, des rochers élevés, couverts alors de la verdure prodigue et des innombrables fleurs des derniers jours de mai ; à droite, la mer, calme comme un lac et bleue comme le ciel, bouillonnait harmonieusement à leur pied. Montréal, qui possédait à fond la poésie de son pays, inspirée presque toujours par l’amour de la nature, n’aurait pas manqué, dans d’autres temps, de savourer toute la beauté de ce spectacle ; mais en ce moment son âme était agitée par des images plus intimes et plus domestiques.

Remontant brusquement les détours d’un sentier qui, jusqu’au sommet de la montagne, offrait aux pieds de leurs chevaux un rude et pénible chemin, nos cavaliers arrivèrent enfin devant une belle forteresse de pierre grise dont les tours se cachaient derrière un feuillage élevé jusqu’à ce qu’elles surgissent, menaçantes et inattendues, du sein d’une riante verdure. Le son de la trompe, la bannière du chevalier, le mot d’ordre rapidement échangé, amenèrent une longue acclamation de bienvenue de la part d’une ou deux vingtaines de soldats rébarbatifs postés sur les remparts ; on leva le pont-levis, et Montréal, se jetant en toute hâte à bas de son coursier pantelant, s’élançait sur le seuil d’un portail avancé et traversait une vaste salle, quand une dame, jeune, belle et richement habillée, vint à sa rencontre d’un pas aussi rapide et tomba, hors d’haleine et accablée de joie, dans ses bras.

« Mon Walter ! mon cher, mon adoré Walter ; soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu !

— Adeline, ma belle, mon adorée, je te revois ! »