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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/304

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RIENZI.


CHAPITRE IV.

Le camp de l’ennemi.

Tandis que Rienzi préparait, de concert peut-être avec les ambassadeurs des braves États Toscans, que leur fierté nationale et leur amour de la liberté rendaient capables de le comprendre et même de l’aider, ses plans pour émanciper de tout joug étranger l’antique reine et l’éternel jardin du monde, les barons, dans une secrète agitation, roulaient aussi plus d’un projet pour rétablir leur propre autorité.

Un matin, les chefs des Savelli, des Orsini et des Frangipani se réunirent au palais démantelé d’Étienne Colonna. Leur conférence était animée et sérieuse, tantôt résolue, tantôt indécise en son but, selon que la colère ou la crainte prévalait.

« Vous avez entendu, dit Luca de Savelli, de sa voix ordinaire, douce et féminine, que le tribun a proclamé qu’après-demain il se fera recevoir chevalier, et veillera la nuit précédente, dans l’église de Saint-Jean de Latran ; il m’a honoré d’une invitation à sa veillée.

— Oui, oui, le coquin. Que signifie cette nouvelle fantaisie ? dit le brutal prince des Orsini.

— À moins que ce ne soit pour avoir le droit de braver un noble, dit le vieux Colonna, je ne puis présumer son motif. Rome ne se lassera donc jamais de ce fou-là.