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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/58

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RIENZI.

« Vous, sire chevalier, ajouta-t-il en se tournant vers Montréal, si vous n’avez pas déjà meilleur gîte, vous voudrez bien, je l’espère, devenir mon hôte.

— Mille fois merci, seigneur, répondit malignement Montréal, mais moi aussi, peut-être, j’ai mes propres affaires à surveiller. Adieu ! je vous rejoindrai à la première occasion. Bonne nuit et rêves gracieux ! »

Robert Bertrams qui estoit tors
Mais à ceval estoit mult fors ;
Cil avoit o lui grans effors
Multi ot homes per lui mors[1].

Et murmurant ce débris de chanson emprunté au vieux Roman de Rou, le Provençal, suivi de Rodolphe, poursuivit son chemin.

La grande étendue de Rome et la faiblesse de sa population faisaient que plus d’une de ses rues était absolument déserte. Les principaux nobles en profitaient pour se mettre en possession d’une longue file de bâtiments qu’ils fortifiaient dans le double but de se défendre les uns contre les autres, aussi bien que contre le peuple. C’étaient là que vivaient autour d’eux leurs parents et leurs nombreux clients qui se formaient pour ainsi dire eux-mêmes une petite cour et de petites cités à part.

Presque en face du principal palais des Colonna, occupé par son puissant cousin Étienne, était la maison d’Adrien. À son approche, les portes massives tournèrent sur leurs gonds ; il monta le large escalier et porta sa précieuse charge dans un appartement que son goût avait décoré dans un style encore peu commun à cette époque. Tout alentour étaient disposés des statues et des

  1. Robert Bertram était mal bâti, mais c’était un vigoureux cavalier. Il fit maint coup de valeur, et beaucoup d’hommes sont morts de sa main.