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RIENZI.

durable, efficace, et, pour le prouver, quelque service que toi et les serviteurs de notre saint-siége vous serez à même de lui rendre, ne lui épargnez pas votre zèle. »

— Est-ce là ce qu’a dit Sa Sainteté ? s’écria Rienzi. Je n’en demande pas davantage. Je lui suis reconnaissant d’avoir eu cette pensée de son serviteur et de m’avoir confié cette mission ; je l’accepte sans hésiter : je me porte à l’instant même garant du succès de l’entreprise. Entendons-nous alors, monseigneur, entendons-nous clairement sur les limites imposées à ma discrétion. Pour réprimer les brigands hors des murs de Rome, il me faut de l’autorité sur ceux qui vivent dans son enceinte. Si j’entreprends au péril de ma vie de nettoyer toutes les avenues de Rome des bandits qui les infestent actuellement, aurai-je pleine et entière liberté pour suivre une ligne de conduite hardie, péremptoire et sévère ?

— C’est une telle conduite que demande la nature même de la mission, répliqua Raimond.

— Ainsi, dût l’application en être faite contre les malfaiteurs de premier ordre, contre les suppôts des brigands, contre les plus superbes nobles eux-mêmes… ? »

L’évêque, avant de répondre, fixa sérieusement les yeux sur les traits de Rienzi, puis il finit par dire en baissant la voix et d’un ton significatif :

« Je le répète, dans ces tentatives hardies, le succès seul sert de sanction. Réussis, et nous te passerons tout, tout jusqu’à…

— La mort d’un Colonna ou d’un Orsini, si la justice le demande, pourvu qu’elle soit conforme à la loi et provoquée seulement par la violation de la loi ? » ajouta Rienzi d’un ton ferme.

L’évêque ne répliqua pas un mot, mais un léger mouvement de sa tête tint lieu de réponse à Rienzi.

« Allons, dit-il, monseigneur, dès ce jour tout est dit ; je tiens la révolution, la restauration de l’ordre, de l’État