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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/74

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RIENZI.


CHAPITRE VI.

Irène dans le palais d’Adrien de Castello.

De même que le sculpteur de Chypre contemplait l’image il avait personnifié toute une jeunesse de rêves, au moment où les teintes de la vie passaient lentement sous le marbre, de même Adrien, jeune et passionné, contemplait la figure qui, penchée devant lui, se réveillait peu à peu à la vie. Si la beauté de ses traits n’était pas de l’ordre le plus élevé ou le plus éblouissant, si leur type doux et calme pouvait être éclipsé par mainte autre tête, d’une amabilité en réalité moins accomplie, en revanche, jamais visage n’aurait à certains yeux paru plus séduisant, jamais visage où fût plus éloquente l’empreinte de cette expression ineffable et virginale que l’art italien poursuit dans ses modèles, où la modestie est la forme extérieure et la tendresse le fond caché de l’expression visible ; la jeunesse florissante et de la figure et du cœur, avant que la première fraîcheur de l’une et de l’autre, frêle et délicate, ne soit balayée par le temps ; et quand l’amour lui-même, le seul visiteur inquiet que l’on devrait connaître à un tel âge est seulement un sentiment et non une passion !

« Benedetta ! » murmura Irène, ouvrant enfin, presque à son insu, sur l’homme agenouillé à ses côtés, ses yeux d’une teinte incertaine, liquide, que vous pourriez contempler des années entières sans jamais apprendre le secret de leur couleur, tant elle changeait avec la dilata-