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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/8

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RIENZI.

dressait l’Aventin désert, roide et escarpé, couvert d’épais buissons d’épines, et cependant sur la hauteur, du fond de couvents cachés mais nombreux, roulaient, non sans harmonie, le long du paisible paysage et des ondes bouillonnantes, les sons de la cloche sainte.

Des deux jouvenceaux introduits sur cette scène, le plus âgé, qui pouvait avoir dépassé quelque peu sa vingtième année, était d’une taille élevée et même imposante ; il y avait dans sa contenance quelque chose de distingué, presque de noble, malgré le sans-façon de son costume, composé d’une longue robe flottante et d’une tunique simple, toutes deux en serge gris foncé ; c’étaient alors les parties distinctives de l’habillement des écoliers inférieurs qui fréquentaient les monastères pour obtenir ces informes éléments de sciences, chétive récompense d’un labeur assidu. Son extérieur était agréable et l’expression générale en eût été plutôt enjouée que pensive, sans cette incertitude du regard, vagabonde et distraite, qui annonce si fréquemment une tendance à la rêverie et à la contemplation, et trahit un esprit plus sympathique au passé ou à l’avenir, qu’à la jouissance ou à l’intérêt de l’heure présente.

Le plus jeune, qui était encore un adolescent, n’avait dans son visage ou son maintien rien de particulier, à moins qu’on n’applique cette épithète à une physionomie d’une douceur et d’une grâce extrêmes ; et il y avait quelque chose de féminin dans la tendre déférence avec laquelle il semblait écouter son compagnon. Son costume était celui que portaient d’habitude les gens des classes inférieures, quoique peut-être un peu plus propre et plus neuf, et la tendre vanité d’une mère se découvrait dans le soin avec lequel ses boucles longues et soyeuses avaient été lissées et séparées, à l’endroit de la nuque où, s’échappant de sa toque, elles descendaient à flots au beau milieu de ses épaules.