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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/89

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RIENZI.

Mais le sommeil est quelquefois un puissant prophète. C’est par le sommeil que le ciel entretient avec ses créatures de mystérieuses communications, et qu’il guide et soutient ses agents terrestres dans le sentier sur lequel sa providence les conduit. »

Adrien ne répondit rien. Maintes fois déjà il avait remarqué que la vigoureuse intelligence de Rienzi s’alliait étrangement avec une profonde et mystique superstition. C’est ce qui donnait au jeune noble, dont la dévotion réelle n’ajoutait cependant que peu de foi aux croyances désordonnées de l’époque, peu de confiance dans le succès des projets du rêveur. En cela il se trompait grandement, bien que son erreur fût celle d’un sage de ce monde ; car jamais rien n’inspire aussi puissamment l’audace humaine que cette douce croyance qu’elle sert d’instrument à une plus divine sagesse. La vengeance et le patriotisme s’unissant chez un homme de génie et d’ambition, tels sont les leviers d’Archimède qui trouvent dans le fanatisme une sphère placée hors de ce monde, de laquelle ils peuvent mettre ce monde en mouvement. L’homme prudent peut diriger un État ; mais c’est l’enthousiaste qui le régénère… ou le ruine.


CHAPITRE IX.

Quand le peuple vit ce tableau, chacun s’émerveilla.

Devant la place du marché et au pied du Capitole, était assemblée une foule innombrable. Chacun tâchait de