Aller au contenu

Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
RIENZI.

de Dieu, consolez-moi, fortifiez-moi !… » continua-t-elle en se jetant à genoux et pleurant amèrement ; et pendant quelques minutes elle fut plongée dans ses prières. Puis, se levant plus calme mais d’une pâleur mortelle, et de grosses larmes roulant sur ses joues, elle passa lentement à la fenêtre, l’ouvrit et se pencha en dehors ; les zéphyrs de la brise du soir vinrent doucement caresser ses tempes, ils rafraîchirent, adoucirent la fièvre qui la brûlait au-dedans. Sombre, massive, menaçante, s’élevait devant elle, dans son ombre ténébreuse, la tour où Rienzi était confiné ; longtemps elle la contempla d’un regard soucieux, puis, en se détournant, elle tira des plis de sa robe un petit poignard acéré, et murmura : « Quand je l’aurai sauvé pour la gloire, voilà de quoi me sauver du déshonneur ! »


CHAPITRE III.

De saints personnages. — Des délibérations habiles. — Des résolutions
justes. — Et tout cela pour des motifs sordides.

Tout épris que l’était le belliqueux cardinal de la beauté et presque autant du génie élevé de la signora Cesarini, l’amour chez lui n’était pas une passion aussi tyrannique que cette ambition du succès dans toutes les entreprises de la vie active, ambition qui avait jusque-là animé son caractère et signalé sa carrière. Il réfléchit, en la quittant, aux vœux qu’elle formait pour le rétablissement du tribun romain, et son intelligence expérimentée