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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/190

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RIENZI.

Madame, dit-il, je voudrais mériter mieux l’estime que vous faites de mon caractère ; mais vraiment il faudrait que j’eusse perdu tout honneur, que je fusse absolument indigne de ma noble naissance, si je conservais encore l’ombre d’une pensée mauvaise contre la paix et la vertu d’une personne telle que vous. Douce héroïne, continua-t-il, si aimable et pourtant si pure, si fière et pourtant si tendre, c’est toi qui m’as ouvert la plus belle page que ces yeux aient jamais parcourue, dans le livre corrompu de l’humanité. Puisses-tu jouir de tout le bonheur que peut donner cette vie ! Mais des âmes telles que la tienne placent leurs nids, comme les aigles, sur des rochers inaccessibles et planent dans les tempêtes. Ne crains plus rien de moi, ne pense plus à moi, à moins que dans l’avenir, quand tu entendras parler de Gilles d’Albornoz, tu ne dises en toi-même, et ici les lèvres du cardinal se plissèrent de dédain, il n’avait pas renoncé à tout sentiment digne d’un homme, le jour où l’ambition et le destin l’ont revêtu du surplis du prêtre. »

L’Espagnol était sorti avant que Nina pût lui répondre.