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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/206

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RIENZI.

pirait après l’étendard indépendant de Fra Moreale. Déjà des histoires merveilleuses de la fortune qu’on pouvait faire dans les rangs de la Grande Compagnie avaient passé les Alpes ; et dès à présent, le chevalier, en pénétrant plus loin dans le camp, put voir se dresser sur bien des tentes les bannières orgueilleuses et les armoiries éclatantes de la noblesse Allemande et de la chevalerie Française.

« Vous voyez, dit le Franc-Compagnon en montrant ces insignes, que nous savons reconnaître des distinctions de rangs dans notre sauvage cité. Et à l’heure où je vous parle, il y a plus d’un éperon d’or qui accourt ici du fond du Nord !

Maintenant, dans le quartier où ils étaient entrés, tout était calme et solennel ; on entendait seulement, dans le lointain, le murmure confus ou les cris soudains du pandémonium, adoucis par la distance de manière à produire un bruit qui n’avait rien de désagréable. Çà et là un soldat, passant devant eux au travers de la route, s’acheminait en silence et furtivement vers quelque tente voisine, sans avoir l’air de faire aucune attention à leur approche.

« Tenez ! Nous voici devant le pavillon du général, » dit le Libre Lance.

Surmontée d’un blason de pourpre et d’or, la tente de Montréal était placée un peu à l’écart des autres. Un petit ruisseau, détaché du torrent qu’ils avaient passé, murmurait agréablement à leurs oreilles, pendant qu’un grand hêtre avec ses branches étendues enveloppait de son ombre la tente magnifique.

Tandis que sa suite l’attendait dehors, le chevalier fut introduit sur-le-champ en présence du redoutable aventurier.