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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/272

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RIENZI.

L’indifférence du sénateur le dérouta ; il sentit qu’il était pris dans ses propres filets.

« Cela ne se peut pas, dit le frère de Montréal, après un silence embarrassé ; nous ne pouvons vous abandonner ainsi à vos ennemis ; les soldats, à la vérité, demandent leur paye…

— Et il faut la leur donner, dit Rienzi ; je connais ces mercenaires, avec eux c’est toujours argent ou révolte. Je me contenterai de mes Romains, et je vaincrai ou, si Dieu le veut ainsi, je tomberai avec eux. Faites connaître ma résolution à vos officiers. »

À peine avait-il prononcé ces paroles, que le principal officier des mercenaires, qui s’était concerté d’avance avec Brettone, paraissait à la porte : « Sénateur, dit-il, d’un air assez rude, j’ai reçu votre ordre de marcher en avant. J’ai voulu commander mes hommes, mais…

— Je sais ce que tu veux dire, l’ami, interrompit Rienzi en faisant un signe de la main ; messire Brettone vous transmettra ma réponse. Une autre fois, sire capitaine, un peu plus de politesse avec le sénateur de Rome. Vous pouvez vous retirer. »

La dignité imprévue de Rienzi imposa à l’officier ; il regarda Brettone qui lui fit signe de sortir. Il ferma la porte et se retira.

« Que faut-il faire ? dit Brettone.

— Sire chevalier, reprit gravement Rienzi ; entendons-nous. Voulez-vous me servir ou non ? Dans le premier caz, vous êtes non pas mon égal, mais mon subordonné, et vous devez m’obéir au lieu de me dicter des ordres ; dans le second cas, nous serons quittes, et nous sommes libres de nous en aller chacun de notre côté.

— Nous vous avons promis foi et obéissance, répondit Brettone, et nous tiendrons notre promesse.

— Entendons-nous bien, avant que j’accepte de vous