Aller au contenu

Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
RIENZI.

Les conseillers levèrent les yeux.

« Monseigneur, murmura le plus âgé d’entre eux, sans doute il a des armes cachées, ne vous y fiez pas.

— Prisonnier, répondit Rienzi, après un instant d’hsitation, si tu cherches à obtenir ta gráce, ta demande est vaine, et devant mes conseillers je n’ai point de secret : dis franchement ce que tu as à me dire.

— Pourtant écoute-moi, reprit le prisonnier en croisant les bras, cela ne concernie poinť ma vie, cela regarde le salut de Rome.

— Alors, dit Rienzi, d’une voix altérée, ta demande est accordée. Tu peux ajouter à tes crimes un nouveau projet d’assassinat, mais pour Rome, je braverais de plus grands dangers.

En parlant ainsi, il fit un signe aux conseillers, qui sortirent lentement par la porte qu’avait prise Villani, tandis que les gardes se retirèrent à l’autre bout de la salle.

« Eh bien, Walter de Montréal, parle brièvement, car tu n’as plus longtemps à vivre.

— Sénateur, dit Montréal, ma mort ne peut vous être bien avantageuse : les hommes diront que vous avez fait périr votre créancier pour payer vos dettes. Fixez-moi une rançon, estimez ma vie au prix de celle d’un monarque : chaque florin vous sera payé et votre trésor rempli pour cinq ans. Si le Bon État dépend de votre gouvernement, ce que je vous demande, votre sollicitude pour Rome ne vous permettra pas de me le refuser.

— Vous vous méprenez sur mon compte, brigand audacieux, dit sévèrement Rienzi : votre trahison, je pourrais me mettre en garde contre elle, et vous la pardonner par conséquent ; mais votre ambition, jamais ! Écoutez bien, je vous connais. La main sur la conscience, dites-moi : si vous étiez à ma place, vous, Rienzi, consentiriez-vous, pour tout l’or du monde à acheter la vie de Walter de Montréal ? Que les hommes jugent ma conduite, comme