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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/341

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RIENZI.

l’amour lui donnait la force du désespoir. Elle s’arrachę à lui avec un rire sauvage. Elle vole pour retourner au Capitole, mais la porte est fermée ; ses mains tremblantes s’arrêtent un instant autour du ressort. Elle l’ouvre, tire sur elle le lourd verrou pour qu’Adrien ne puisse la suivre. La voilà dans l’escalier, la voilà dans la chambre de Rienzi : il est parti ! Elle vole, en criant son nom, à travers les salles retentissantes. Personne. Elle trouve ouvertes les portes des divers corridors qui conduisaient aux chambres inférieures, mais tout est barré en dehors. Hors d’haleine, haletante, elle revient à sa chambre à coucher. Elle se précipite vers sa fenêtre, elle voit de là comment il est descendu : car son vaillant cœur était digne de comprendre jusqu’à la fin celui de son époux. « Nous sommes séparés, dit-elle : mais au moins nous sommes sous le même toit et notre destin sera le même ! » En poussant ce cri de joie, elle s’affaisse, sur le parquet, avec une résignation muette.

Décidé à ne pas abandonner sans faire un nouvel effort ce couple fidèle et dévoué, Adrien, le généreux Adrien, avait suivi Nina, mais trop tard ; la porte était fermée et résistait à tous ses efforts. Les masses s’avançaient ; il entendit leur cri changer tout à coup ; ce n’était plus : Vive le peuple ! mais : Mort au traître ! Son compagnon était déjà disparu, et, voyant bien qu’il ne pouvait plus veiller que sur le salut d’Irène, il s’en retourna, la mort dans l’âme, descendit d’un pas léger et rapide et courut au bord de la rivière, où un bateau l’attendait avec sa suite.

Le balcon sur lequel Rienzi s’était précipité était celui d’où il avait coutume de parler au peuple ; il communiquait avec une vaste salle consacrée, dans des occasions solennelles, à des fêtes officielles, et, de chaque côté, s’élevaient des tours en saillie, dont les fenêtres grillées donnaient sur le balcon. Une de ces tours était consacrée