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RIENZI.

silence. — Est-il dit que j’aie commis quelque infraction à une seule loi de l’État ? — Même silence encore. — Y a-t-il le moindre murmure qui conteste la prospérité du commerce ? Un doute sur la sécurité des citoyens dans leurs personnes ? Qui oserait prétendre qu’au dehors ou à l’intérieur le nom romain n’est point honoré, et plus que jamais ? — Même silence. — Alors, ai-je dit, seigneur cardinal, je demande vos remercîments, et non votre censure. Le Français me regardait, me regardait, et tremblait et reculait ; enfin il prononça ces mots : — Je n’ai qu’une mission à remplir de la part du saint-père : résignez sur-le-champ votre charge de tribun, ou l’Église lance sur votre tête sa solennelle malédiction.

— Comment, comment, dit Nina, pâle comme un spectre : Qu’est-ce qui t’attend ?

— L’excommunication ! »

Cette terrible sentence, dont le bras spirituel avait si souvent foudroyé ses plus redoutables ennemis, retentit aux oreilles de Nina comme un glas de mort. Elle se couvrit la figure de ses mains. Rienzi parcourait la chambre à pas rapides. « La malédiction, murmurait-il, la malédiction de l’Église sur moi, sur moi !

— Ô Rienzi ! n’as-tu pas cherché à apaiser ce sévère… ?

— Apaiser ! Mort et déshonneur ! Apaiser ! Cardinal, ai-je dit, et je sentais son âme se dérober d’effroi sous mon regard : mon pouvoir, je l’ai reçu du peuple ; c’est au peuple seul que je le rendrai. Pour mon âme, il n’est pas de parole humaine qui puisse lui nuire ; c’est toi, prêtre superbe, c’est toi qui es le maudit, si, acceptant le rôle de marionnette, instrument de cabales méprisables et de tyrans exilés, tu oses prononcer un mot au nom du Dieu de justice, pour la cause de l’oppresseur et contre les droits de l’opprimé. Là-dessus, je l’ai quitté, et maintenant…

— Eh bien ! maintenant, maintenant, que va-t-il arri-