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les farfadets

toujours adorné de tendres sobriquets qui affirmaient l’intime alliance de nos villageois et des Korrigans.


l’armée des farfadets

De vrai, sans eux, qui donc aurait veillé sur les bestioles égarées ? Qui gardait les moissons des maléfices ? Et quand, au soleil couchant, les filles s’en allaient rêver par les bruyères, n’étaient-ils point là, les gentils lutins, pour protéger la pureté de leurs amours ?

Aussi les habitants de l’heureuse Bretagne vivaient dans le calme de l’esprit, mouraient avec la paix du cœur, qui est le plus grand de tous les biens.

Cela dura des ans et puis des ans encore…

Près des chaumines où l’on chantait la douce Ananigous, devant chaque haie dorée, le vieux berger Bos, qui passait pour avoir des rapports nocturnes avec les fées, ramenait son troupeau de pécores, tout en psalmodiant l’antique chanson des bardes :

« Ni zo bepred Bretonned ! Bretonned tud Kaled. »

( Nous sommes toujours Bretons, Bretons de race forte ! )

Les branches lasses des pommiers craquaient sous leurs grappes rouges, tandis que chaque commère, tout en filant son chanvre fin, surveillait la cuisson des gâteaux de maïs qui bruissaient moult joyeusement dans la poêle.

La bande hardie des gars courait après l’essaim des filles en coiffes blanches.