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les farfadets

lotus corniculé, jaune fleurette, ouvrit toute grande sa gueule de loup pour mordre les farfadets au talon.
…les antiques dolmens profanés

Les baies empoisonnées du sorbier pleuvaient en grappes écarlates, lancées par des frondes d’écorce de bouleau.

Des lambeaux d’antennes pendaient aux pics des chardons farouches. Au bord de chaque mare, les roseaux balançaient des têtes coupées, qui les faisaient ressembler à d’énormes pavots.

Le pauvre petit papillon gris bleu, tel qu’un myosotis volant, planait sur tout cela d’une aile désespérée. De pâles volubilis s’étaient refermés d’horreur.

La clarissime lune de Landerneau, qui est, comme chacun sait, la plus lumineuse de toutes les lunes, ne voulut point assister à cette tuerie.

Elle s’alla cacher derrière un grand nuage qui se mit à gronder.

Et le tonnerre de Brest, le plus bruyant de tous les tonnerres, cuidant frapper les farfadets, foudroya plus d’un chêne !