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les farfadets

Les bons Korrigans dirent à la terre d’Armor un long, un très long et très doux adieu.

Rasant le sol, une arondelle s’en vint s’abattre aux pieds du roi.

« Cher prince, sifflota la toute jolie en déployant ses ailes :


Oyez mon humble ramage,
Montez sur moi. Je m’engage,
Sans bride et sans éperons,
À vous porter au rivage
Où dans l’ombre du feuillage
Luit la jauneur des citrons.
Là, suivant un vieil adage,
Au soleil, dont le visage
Fait pâmer les liserons,
Oiseaux de même plumage
Hanterons même parage
Et mêmes fleurs aimerons. »


et la croix qui se trouvait sur leur chemin…

Déjà le génie des bons jours avait sauté sur le dos de l’oiseau qui, fendant l’air pareil à une flèche empennée, se perdait au fond de l’azur.

Les Korrigans s’accrocheront des deux mains à ces flocons errants que sainte Marie laisse flotter sur terre, quand