Page:Mélanges Henri Weill, 1898.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
330
JULES OPPERT

bryas et d’Aspathinès, Aspacinâ en perse, « collecteur de chevaux ». Quelque erroné que fût le renseignement fourni à Hérodote, l’auteur pouvait se tromper de bonne foi et supposer que l’un des meilleurs amis de Darius avait aussi aidé ce dernier à monter sur le trône.

On remarque que’le père d’Otanès n’est pas Pharnaspès, mais Thukhra, le « brillant ». Hydarnès, par contre, est bien le fils de Mégabignès, et le père de Gobryas s’appelait Mardonius, corne le général, son fils. Quant au père de Mégabyze (Bagabukhsa), Hérodote le nomme Zopyrus, comme s’appelait le fils de ce conjuré, et qui, selon une légende invraisemblable, montra un dévoûment incroyablement stupide pour son prince lors du siège et de la prise de Babylone. En vérité, Mégabyze était le fils de Dâduhya, que l’on rencontre dans le Aa5ây.r ; ç d’Eschyle (Perses, v. 304) et dans le persan Dâdûh, La signification du mot perse est inconnue, et le mot grec Zwcupoç, étincelle, feu vivant, est peut-être la traduction du mot perse. Toute cette légende de Zopyre est plus que sujette à caution et semble provenir soit d’une invention, soit d’un fait mal relaté. Hérodote assure que le siège de Babylone dura vingt mois : or nous possédons des textes datés de Babylone du mois d’Adar de l’an I de Darius, c’est-à-dire quinze mois après l’entrée en campagne du roi des Perses ; en sorte que les vingt mois attribués au siège do Babylone se rapportent probablement, en réalité, au laps de temps écoulé entre la révolte du Mage et la lin du règne de Nabuchodonosor III, l’imposteur Nidintabel. Nous avons insisté sur ces faits, qui paraîtraient des hors-d’œuvre, si l’ensemble de ces considérations ne prouvait pas que même les erreurs d’Hérodote ont toujours un fond de vérité, et que les inexactitudes doivent être mises sur le compte de ses informateurs.

Je terminerai par quelques observations relatives aux rois de Lydie.

Hérodote raconte (I, 91) que Crésus se plaignit auprès de l’oracle de Delphes de ce que le dieu n’eut pas eu égard aux bienfaits du roi de Lydie. Le dieu lui aurait répondu que le destin n’avait attribué que cinq générations à la dynastie des Mermnades, mais que le dieu avait différé de trois ans de plus la prise de Sardes.