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JULES BLOCH


reste qu’il s’agit bien d’une sonore, et non d’une spirante, les sonores grecques étant restées occlusives à l’époque de la ϰοινή (koinê), notamment en Égypte, ainsi qu’il ressort des faits d’échange entre sourde et sonore cités par Mayser (Gramm. der Griech. Papyri, I, p. 175 et suiv.). Exemples :

Gutturale : Βαρύγαζα ; probablement τράππαγα.
Dentale : Κιρρᾶδαι, Δαχιναϐάδης
Labiale : Δαχιναϐάδης, Ταπροϐάνη ; peut-être Μομϐάνου.

Dans Βαράϰη et Ἀστάϰαπρα le -ka est nettement senti comme un suffixe, et c’est ce qui explique sa conservation. Mais en principe, une sourde intervocalique représente une consonne double ; ex. : ϰότυμϐα, Παίθανα.

Si les sourdes sont devenues sonores, il semble que les sonores anciennes subsistent. C’est ce qui ressort de Τάγαρα et Μιννάγαρα.

Il semble à première vue que dans Παίθανα nous ayons la preuve de la disparition complète de la dentale de prati. Que le phénomène soit relativement récent, c’est ce dont nous assure la conservation de la diphtongue de Paiṭhaṇ jusqu’à l’époque moderne, au lieu que ai de thaira (skr. sthavira) par exemple, a déjà passé à e dans la plupart des inscriptions d’Açoka. Mais rien ne nous oblige à admettre pour cela qu’il s’agisse d’un phénomène général, contredit d’ailleurs par les autres témoignages du Périple[1]. Il s’agit ici probablement de la dissimilation de la cérébrale de paḍi, substitut prākrit de prati, par la cérébrale suivante. Le prâkrit épigraphique ne fournit en effet que tout à fait exceptionnellement deux cérébrales dans les représentants de skr. pratiṣṭhā- : le cas de paḍiṭhāpita (Kaṇheri, n° 15) semble unique. Alors que paṭi est par ailleurs le substi-

  1. Il est curieux que pour deux noms où il y avait une dentale intervocalique, Puṣkalāvatī et Narmadā, le texte du Périple donne des formes considérablement altérées, où ils sont méconnaissables : Προϰλ(α)ίς et Λαμναῖος ; mais précisément l’aspect inquiétant de ces formes nous interdit d’en rien déduire. Au reste le d de Narmadā est donné par Ptolémée, dans une forme d’aspect prâkritique : Ναμάδης).