Page:Mélanges d’indianisme.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
28
A. MEILLET


attribuer l’u de skr. gurúḥ (zd gouru-) = gr. βαρύς ? à l’u qui suit r ? à la labio-vélaire précédente (il est impossible de déterminer d’une manière sûre le traitement après les anciennes labio-vélaires ; tous les exemples présentent quelque incertitude ou quelque ambiguïté) ? ou à un vieux timbre u de de *°r de *gworeu-, qui aurait existé concurremment avec le timbre ordinaire ? La question n’admet guère de solution en l’état actuel des données. Mais il y a quelques cas où un timbre u, anormal au point de vue purement sanskrit, se retrouve hors du sanskrit. À côté de skr. giráti « il avale » (aussi gilati), cf. v. sl. žĭrą, lit. girtas « ivre », gr. βάραθρον, on a la forme d’itératif járgurāṇaḥ et jalgulaḥ, toutes deux dans le R̥gveda ; on ne saurait manquer de se rappeler v. sl. grŭlo, lit. gurklỹs « gosier », et d’autre part lat. gula, arm. okul « il a avalé ». Le timbre u attesté dans l’intensif véd. carcūryáte rappelle le υλ de gr. ϰυλίνδω), et celui de skr. class. kūrdati « il saute », le ur du lat. scurra (avec rr expressif, du type de lat. uorrī, lippus, etc.). La désinence skr. -uḥ pourrait donc être avec la désinence moyenne skr. -ire à peu près dans le même rapport que v. sl. -sŭ (à la 1re personne active sing. de l’aoriste) est avec gr. -σα et skr. -sa(m). Mais c’est une pure hypothèse, et entièrement invérifiable. Le traitement i.-e. *ur de *r̥ apparaît en somme comme exceptionnel ; or, il faudrait admettre que ce traitement a été général à la fois dans l’original des trois types sanskrits : pitúḥ, vidúḥ et sanitúḥ ; ce serait un hasard singulier.

On n’aboutit donc à rien en essayant de faire rentrer dans des cas généraux déjà connus le traitement de indo-iran. *r̥-š de *-r̥ à la fin des mots en sanskrit.


Il s’agit, dans le cas de skr. -uḥ, -ur, d’un traitement propre à la fin de mot en tant que telle.

Le timbre u de la voyelle trouve ainsi, non pas une explication, mais au moins un parallèle ; car il existe en fin de mot un autre traitement postpalatal exclusivement propre à la fin de mot. À l’intérieur du mot, indo-iran. -azd- donne skr. -ed-,