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A. MEILLET


Il ne faut jamais oublier que les « lois phonétiques » sont de simples formules de correspondance et qu’on ne peut, sans une critique attentive (dont les éléments manquent du reste presque toujours), les transformer en lois exprimant la réalité de révolution. Ici un détail apparaît par suite de la fixation du védique à un moment où -r̥ final était déjà modifié, mais où les autres subsistaient encore ; et l’indépendance du fait védique se manifeste par le timbre -u- de la voyelle développée, timbre qui ne coïncide que très partiellement avec celui des voyelles développées à l’intérieur du mot durant une période de temps postérieure. Il ne manque pas de faits comparables en sanskrit même. Les diphtongues indo-iraniennes tendent à se simplifier dans l’Inde ; à l’époque védique, les diphtongues à premier élément bref ai et au sont déjà simplifiées, mais les diphtongues à premier élément long āi et āu ne le sont pas encore ; en moyen indien, l’évolution est achevée, et il ne subsiste plus aucune diphtongue en indo-aryen. Les occlusives intervocaliques tendent à perdre leur occlusion dans l’Inde : l’ancienne mi-occlusive *ǰh est déjà h, et même bh et dh ont passé à h en védique dans certaines conditions ; et ḍh intervocaliques sont et ḷh dans le R̥gveda ; mais les autres occlusives sont intactes, autant que la graphie permet d’en juger ; l’évolution a continué par la suite ; les divers prâkrits épigraphiques et littéraires en montrent les degrés successifs. La voyelle u de véd. -uḥ : -ur en fin de mot résulte d’une anticipation de l’élimination de la prononciation de qui a été générale par la suite dans l’Inde.

La perte de la prononciation est une conséquence de la position en finale absolue, et non pas de la position en syllabe finale ; si une consonne suit le r, celui-ci se maintient : ásr̥k, yákr̥t, kápr̥t (thème kápr̥th-), vr̥t (vr̥dh-), etc. C’est parce que *-r̥š : *-r̥ž et *-r̥ se trouvaient immédiatement à la fin du mot que ces groupes ont été altérés. Cette constatation détermine le problème dans une certaine mesure.

Soit le cas de *-r̥ en fin de mot. La prononciation ordinaire de indiquée par les prātiçākhyas comporte des éléments voca-