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AWUL, llLlE DE SAIXT-GILLES, etc. I Ij

I

La chanson (ïAionl a eu le privilège d'être publiée en même temps, ou à peu près, en France et en Allemagne. Pendant que MM. Gaston Raynaud et Jacques Normand l'imprimaient pour la Société des anciens textes, M. Fôrster, aujourd'hui professeur à Bonn, qui l'avait copiée de son côté, en faisait paraître le texte à Heilbronn, sans les commentaires qui devaient l'accompagner. Gagnés de vitesse sur ce point, les édi- teurs français donnèrent, en revanche, leur volume complet près de cinq ans avant leur concurrent allemand. Enfin celui-ci acheva son édition en 1882, et put y joindre une critique de l'édition française, qui ne s'attache guère qu'à en relever les fautes. Ces fautes ne sont pas en général bien graves, et elles sont compensées par de réels mérites, qui ont permis à l'Aca- démie des inscriptions d'accorder à MM. Raynaud et Normand le prix fondé par M. le marquis de La Grange, pour récom- penser chaque année, s'il y a lieu, l'édition d'un ancien poème français. La concurrence à laquelle cette publication a donné lieu a profité à la vieille chanson : elle a été étudiée avec un soin particulier, et on peut dire que presque toutes les questions qu'elle soulève ont été éclaircies, autant que possible, dans les introductions française et allemande. Aussi me bornerai-je à présenter sur Aioid quelques observations générales, qui ne seront pas toutes absolument nouvelles.

C'est un poème fort curieux à plusieurs égards, et d'abord par sa forme. Sur les 10,985 vers qu'il contient dans le manu- scrit unique qui nous l'a conservé, plus de six mille sont des alexandrins ordinaires. Mais les autres sont des décasyllabes d'une structure assez rare au moyen âge et complètement aban- donnée depuis, celle qu'on a appelée la coupe 6/4, parce que le vers, au lieu d'être partagé en deux membres dont le premier a quatre et le second six syllabes, présente l'ordre inverse. Pour être rare, il ne s'ensuit nullement que cette forme soit peu an- cienne ; on l'a même regardée, mais sans preuves suffisantes, comme la forme primitive du décasyllabe. Il faut qu'elle ait été en tout cas beaucoup plus usitée dans les chansons de geste de

G. Paris. — Movev àt;e. 8

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