Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/119

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AlOUL II

Et dames et puceles et bacheler ;

Le cembel ' esguardevent por déliter:

Çou est moût bêle chose a esguarder.

Es les vos a Aiol si atornez,

Onques puis de cembel n'i out - parlé ;

Et dist li uns a l'autre : « Laissiez ester !

Hé 1 Dieus, ou a cil ore tant conversé ?

duel diable Font fait tant demorer?

Il voudroit orendroit estre au joster :

Ja'n avroit cinc ocis et afolez.

Cist vengera ancui la mort Forré 5 ! »

Quant Aious l'entendi, s'en fu irez. . .

Aious li fis Elle a tant aie

Qj-i'el grant marchié d'Orliens en est entrez:

Borjois et macecrier l'ont moût gabé...

Et respondi Aious : Laissiez m'ester !

��1. La ville d'Orléans était assiégée : une poignée d'ennemis venait déporter un ceinhcl aux assiégés, c'est-à-dire de les provoquer à une sortie. Une fois les assiégés sortis en nombre trop grand pour eux, ceux qui avaient « porté le cembel » se retiraient vers le gros des leurs ; ceux-ci envoyaient alors de nou- veaux hommes, et c'était aux assiégés à reculer ; mais on les renforçait de même, et souvent ainsi une mêlée générale s'engageait. Le jeu de barres de nos enfants est une imitation exacte du ceiuhd, et le nom même que porte ce jeu en est un souvenir : daiis le ceuihel les provocateurs venaient toucher les barres ou barrières de la ville ou du camp ennemi :

Il vienent a Orliens, passent le pont.

Et fièrent en la bare tôt a bandon,

Et crient lor enseigne a moût haut ton :

« Ou estes, Looïs, li fis Charlon ?

Oissiez vos ent ça fors, si vos verons. » (v. 2363 sqq.)

2. Le manuscrit porte ot\ M. Fôrster corrige à tort ont, et ne relève pas la leçon différente de l'édition de Paris.

3. Les éditeurs français et allemand ont réuni les passages où il est parlé de ce Fourré, héros sans doute d'un poème comique dans le genre dCAudigier. Ces passages laissent l'histoire de Fourré dans le vague ; on voit seulement, par les vers de notre poème cités plus loin, qu'il était mort devant Paris. Son histoire avait donné lieu à une locution proverbiale : on reprochait à quelqu'un qui semblait vouloir entreprendre un exploit en disproportion ridicule avec ses forces d'avoir la prétention de « venger Fourré ». [Cf. Histoire poétique de Charh'iuugne, édition de 1905, note additionnelle à la p. 265.]

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